Discours de clôture du premier rassemblement contre le #RacismeSexisme 

Mes cher-e-s ami-e-s, 

Chère Marie, Chère Anne-Yvonne, Chère Catherine, Chère Maud, chère Corinne, Chère Marie-Laure, je tenais avant de commencer à vous remercier vivement d’être venues jusqu’à nous, dans notre ville, Fréjus, pour porter une voix, celle de ces femmes, militantes engagées, de gauche, qui se battent chaque jour contre le racisme et le sexisme et pour une société plus juste et égalitaire. 

Votre venue ce soir me touche particulièrement et j’aimerais de nouveau vous remercier pour vos soutiens, vos mots d’amitié et votre détermination à mener ce combat, avec nous. 

Je tenais également à remercier l’ensemble des élus locaux présents ce soir. Merci Stéphane d’avoir fait le déplacement de Marseille pour apporter ton soutien à nos combats, qui sont évidemment communs, toi qui te bats chaque jour contre le FN de Stéphane Ravier.
Merci également à Françoise, tu vis également le sexisme de David Rachline en conseil municipal et tu portes ce combat. 
Merci à notre maire de Bagnols-en-Forêt, Michel Tosan, d’être toujours en tête de ceux qui portent nos valeurs d’égalité et de justice.
Merci à Viviane Driquez, à Annie Promonet, à Franck Rive, à Yves Gavory pour le MRC, aux camarades communistes et du parti de gauche.
Merci à Elsa, et j’aimerais prendre le temps ici de la remercier pour tout le soutien, les conseils, et l’amitié que tu me portes. Mais également pour tous les combats que tu mènes ici à Fréjus depuis 2014 contre la haine du Front national de David Rachline qui s’en prend chaque jour à nos valeurs républicaines et abaisse notre ville. 
Merci à toutes ces petites mains qui se démènent depuis quelques jours maintenant pour faire de ce rassemblement un succès. Merci en particulier à notre résorière, Lila, à Tarik, qui a encore démontré qu’il est toujours de bons conseils et merci à tous les camarades de notre belle section fréjusienne et à tous les militants contre le FN du quotidien. Et je pense qu’on peut les applaudir et les remercier chaleureusement.
Merci également à tous ceux et toutes celles qui m’ont envoyé des messages de soutien. J’en suis encore émue ce soir et vous me réconfortez dans l’idée de poursuivre mes combats malgré les difficultés que l’on peut rencontrer.

Merci notamment à notre Premier ministre, Manuel Valls, pour ses mots de soutien et sa volonté d’être intransigeant dans la lutte contre les messages haineux de la fachosphère, à nos ministres Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, à Bruno Leroux, à Arnaud Montebourg, à Aurélie Filipetti, à Benoit Hamon, mais également aux responsables écologistes et UDI qui m’ont apporté leur soutien.  
Et merci à vous toutes et tous pour votre présence ce soir. 

Comme vous le savez, il y a deux semaines de cela, alors que je dénonçais une situation politique et financière catastrophique à Roquebrune-sur-Argens, je recevais en retour des menaces de mort et de viol. Ces menaces, je ne vous les répéterai pas ce soir, vous en avez toutes et tous pris connaissances, elles me sont arrivées en pleine figure. Je ne m’y attendais pas. On ne s’attend jamais à recevoir ce genre de messages. On ne s’attend jamais à être menacée de mort et de viol en raison de nos combats politiques. 
Et tout cela a été violent. Il y a d’abord eu le choc. Puis la colère. La tristesse. Mais également l’inquiétude vis-à-vis des tentatives d’intimidation des membres de ma famille. Oui, aujourd’hui quand on fait de la politique, et quand on milite dans une ville FN, on a peur pour notre propre sécurité et pour celle des membres de notre famille. 

Mais après le choc et la colère, on se relève. On n’a pas tellement le choix. Il ne s’agit pas de moi mais d’un combat que l’on porte contre l’extrême-droite et son idéologie mortifère et nauséabonde pour notre République et le vivre-ensemble. Il s’agit de dénoncer ce que représente cette extrême-droite raciste et sexiste. Et on en a le pire exemple possible ici à Fréjus.

Ce racisme, tout d’abord, je le vis au quotidien. Je suis issue de la diversité, je ne m’en cache pas, j’en suis fière et ça veut dire beaucoup pour la femme que je suis. 

Mais être issue de la diversité dans une ville FN, c’est vivre en permanence leur racisme, leur haine, leur violence verbale. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est forcément être pour le FN une terroriste, une islamiste, une extrémiste qui contribue à l’islamisation de la France. Ces mots-là ont notamment été tenus par l’actuel responsable du Front national de la jeunesse à Fréjus.
Etre issue de la diversité pour le FN et la fachosphère, c’est être la « beurette de service » et une femme qui « pue l’arabe ». 
Etre issue de la diversité pour le FN, c’est s’interroger sur la consonance de mon nom « Insaf Rezagui ? pas très français tout ça ». 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est voir sa nationalité française être remise en question par Monsieur David Rachline. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est être en permanence ramené à une présupposée identité religieuse et n’être perçue que sous cet angle-là. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est s’entendre dire sur un marché de la ville que « vous comprenez Madame Rezagui, vous êtes arabe, vous allez forcément donner nos logements aux Arabes ». 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est voir son père se faire contrôler au volant d’une voiture allemande par un policier qui s’étonne de voir un monsieur d’origine maghrébine être médecin et conduire une telle voiture, sans se dire qu’aujourd’hui dans notre pays, des hommes et des femmes, quel que soit leurs origines ou leurs parcours, font la fierté de notre pays et le rendent plus grand et juste. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, ce sont ces habitants du quartier populaire de la ville qui sont utilisés par monsieur le maire à des fins électoralistes. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, ce sont ces deux mamans voilées qui accompagnent leurs enfants à l’école et qui se font klaxonner par deux hommes qui leur crient qu’elles doivent maintenant avec le FN à Fréjus rentrer dans leur pays, alors que leur pays, c’est la France, à elles aussi. 
Etre issue de la diversité dans une ville FN, c’est voir ces nostalgiques de l’OAS ériger une stèle en mémoire de l’Algérie française, alors que notre pays a tant besoin que nos femmes et hommes politiques pansent nos blessures et ouvrent un nouveau chapitre entre les deux rives de la Méditerranée. 

Etre issue de la diversité dans une ville FN, ça veut dire tout cela. Ca veut dire vivre le racisme. C’est être stigmatisé, rejeté, pointé du doigt, violenté, agressé, marginalisé, utilisé.
Mais être issu de la diversité dans une ville FN, c’est aussi porter un combat et en prendre la responsabilité. 

Ce combat c’est celui de la lutte permanente contre le racisme, celui pour l’égalité, de la lutte contre les discriminations, c’est celui de la justice et de la solidarité, de la fraternité et de la laïcité. A Fréjus, comme partout ailleurs. 
Ce combat c’est celui que nous portons, ici dans notre ville, nous, socialistes, hommes et femmes de gauche, avec conviction, avec détermination, chaque jour.
Nous le portons contre tous ceux qui tentent de mettre à mal nos valeurs républicaines. Et je veux dire à cette extrême-droite haineuse qu’elle ne gagnera pas. Elle ne gagnera jamais. Car la République et ses valeurs sont plus fortes que tous. 

Nous ne sommes nullement résignés. Nous ne sommes nullement affaiblis, bien au contraire. Et croyez-moi, nous gagnerons le combat des valeurs et de la bataille culturelle. 

Le racisme n’était déjà pas assez violent à vivre dans une ville FN, qu’il fallait en plus de cela que l’extrême-droite nous rajoute son sexisme permanent. Car oui le FN est sexiste. Il le démontre chaque jour dans nos villes qu’il dirige. 
A Fréjus, je le vis aussi. Car oui mes ami-e-s, je suis tout ce que le FN déteste, à commencer par être une femme. 
Etre une femme dans une ville FN, c’est vivre la misogynie d’un adjoint à David Rachline, qui m’explique publiquement qu’il y a forcément un homme derrière chacune de mes actions et chacune de mes positions politiques et derrière chacune de mes prises de parole. D’ailleurs faites attention, je crois qu’un homme a encore écrit ce que je suis en train de vous dire. 
Etre une femme dans une ville FN, c’est être traité par un conseiller municipal, ancien candidat FN aux départementales de socialopes. 
Etre une femme dans une ville FN, c’est être apostrophée grossièrement et vulgairement par des militants FN sur les marchés de la ville. 
Etre une femme dans une ville FN, c’est entendre de la bouche de l’extrême-droite que la femme n’a rien à faire en politique, la cuisine étant forcément son lieu de prédilection. 
Etre une femme dans une ville FN, c’est aussi et malheureusement être menacée de mort et de viol par la fachosphère. 

Ces expériences en tant que femmes, elles sont confirmées dans les actes politiques du FN qui s’opposent à toute avancée concrète mesdames de nos droits. 
Quand le FN vote contre la réforme du congé parental qui doit permettre aux femmes d’être éloignées moins longtemps de leur emploi, il prouve qu’il n’a rien de féministe.
Quand le FN vote contre la loi cadre pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, il prouve là encore qu’il n’a rien de féministe.
Quand Monsieur Stéphane Ravier se permet de dire que le viol c’est finalement un rapport amoureux qu’une partie des deux souhaite et que la femme violée devrait faire un effort, le FN démontre qu’il n’est pas féministe, pire encore il démontre qu’il est abject et indigne de la République et qu’il remet en cause les fondements mêmes de l’égalité. 
Ce parti est une honte et il doit être combattu. En tant que féministes, défenseurs de l’égalité entre les hommes et les femmes, nous ne pouvons laisser le parti des Le Pen s’en prendre à nos droits. Nous ne pouvons pas les laisser s’attaquer systématiquement à ce qui fonde toute société démocratique. Nous ne pouvons pas les laisser défendre un Trump sexiste, magiste, violent, raciste. Nous ne pouvons plus laisser passer les propos sexistes et violents. Nous ne pouvons plus les regarder remettre en cause notre droit à disposer de notre corps comme on l’entend. 
Et ce soir plus que jamais, nous, féministes, anti-racistes, devons réaffirmer haut et fort que ce parti est raciste, sexiste, anti-démocratique, qu’il s’attaque à notre République, qu’il est dangereux.
A Fréjus, où nous savons plus que quiconque le danger que représente le Front national, nous devons poursuivre le combat pour le triomphe de la justice, de l’égalité, de la solidarité face à la haine, au racisme et au repli sur soi de l’extrême-droite. Parce qu’il en va de notre République. 
Mais je veux vous dire que chacun de vos mots de soutien et d’amitié que j’ai pu recevoir suite aux menaces que j’ai reçues me confortent dans l’idée que nous sommes prêts à mener ce combat et mieux encore que nous le gagnerons.

Merci.
Insaf Rezagui, le 19 octobre 2016 à Fréjus